Comment l'urbanisation favorise la métropolisation ?

La métropolisation désigne le processus de concentration de populations, d'activités, de valeur dans des villes de grande taille. Il peut se faire au détriment de villes de niveau hiérarchique inférieur et on assiste bien souvent au renforcement des niveaux supérieurs de la hiérarchie urbaine.

Les facteurs de la métropolisation sont divers : économies d'échelle et d'agglomération, avantages comparatifs, besoins d'accessibilité aux réseaux (aux échelles nationales et mondiales), etc. Le phénomène de métropolisation ne se réduit pas à sa dimension démographique. Il doit son ampleur et son originalité à la concentration spatiale des fonctions stratégiques du nouveau système productif : appareils de commandement et de contrôle ; foyers de l'innovation ; accessibilités aux réseaux de communication virtuels ou physiques ; attractivité et poids culturels. La métropolisation peut se mesurer et s'apprécier à l'aide de toute une série de critères structurels, fonctionnels, ou encore dynamiques qui permettent d'établir hiérarchies, classifications, typologies. Mais l'approche du phénomène dépend des niveaux d'échelle considérés : une métropole de rang mondial ne pourra être analysée avec les mêmes grilles qu'une métropole régionale. Au niveau supérieur de la hiérarchie, métropolisation rime avec mondialisation.

En l’inscrivant dans les réseaux de l’économie mondiale, la métropolisation modifie l’ancrage local, régional ou national d’une ville. Le processus est multiscalaire : à l’échelle mondiale, il tend à renforcer les hiérarchies urbaines en faveur des grandes villes ; à l’échelle métropolitaine, on assiste à des dynamiques sociales et spatiales différenciées de fragmentation et de ségrégation.

La métropolisation amplifie un certain nombre de problèmes d'aménagement liés à l’étalement urbain, aux mobilités croissantes, à l’augmentation de nuisances (pollution, engorgement) et surtout à l'injustice sociale, notamment par la gentrification des quartiers populaires centraux et péricentraux. L’ensemble réinterroge aussi les modes de gouvernance urbaine. Lorsque la spéculation financière oriente les choix décisionnels, on parle de ville néolibérale. Dans les pays à forte croissance économique, la métropolisation est l'un des ingrédients de l'émergence. Elle en accentue aussi les aspects négatifs en concentrant les inégalités sociales et les dégradations environnementales. La modernisation du paysage urbain peut également être le prétexte à une bruxellisation : la destruction du bâti ancien associée à l'éviction des classes populaires et des populations jugées indésirables comme à Shanghai.

La métropolisation est également un discours : elle est l'horizon désiré des politiques urbaines, y compris pour des villes de rang inférieur. Pour de nombreuses villes, le statut de métropole est envié. Pour l'obtenir, les autorités municipales cherchent à reproduire les caractéristiques des métropoles mondiales en attirant les flux touristiques et les investissements, ou en encourageant la tertiarisation économique. Le risque est alors une uniformisation des paysages et des pratiques, et des travaux pharaoniques coupés des besoins réels des habitants. La contestation, à l'échelle globale, de la mondialisation, passe aussi bien souvent, à l'échelle locale, par une contestation de la métropolisation. 

(Coll.) Mise à jour : décembre 2013, juin 2020.


Pour compléter

Monde
  • Dossier : De villes en métropoles
  • Matthieu Adam, « Production de l'espace », 2019.
  • Chloé Tommasi et Anne-Lise Boyer, « La ville durable »,  2018.
  • Belo Horizonte : Eugênia Viana Cerqueira, « Se déplacer dans une métropole presque dépourvue de transports en commun. L'exemple de Belo Horizonte », 2019.
  • Brasilia : Hervé Théry, « Brasília, de la vitrine à la métropole », 2017.
  • Doubaï : Laure Semple, « Le mégaprojet du Dubai Water Canal : fabrique d’une ville mondiale à travers la construction d’un réseau touristique », 2017.
  • Italie : Aurélien Delpirou et Dominique Rivière, « Réseau urbain et métropolisation en Italie : héritages et dynamiques », 2013.
  • Istanbul : Antoine Fleury, « Istanbul : de la mégapole à la métropole mondiale », 2010.
  • Jakarta : Judicaëlle Dietrich, « Politiques de l’eau et lutte contre la pauvreté à Jakarta, un rendez-vous manqué », 2020.
  • Minneapolis Saint Paul : Cynthia Ghorra-Gobin, « Institutionnaliser la métropole aux États-Unis. L’expérience de Minneapolis Saint Paul (Minnesota) », 2020.
  • Montréal : Charles-Édouard Houllier-Guibert, « Ville internationale, image internationale, le cas de Montréal », 2010.
  • Nairobi : Jean-Baptiste Lanne, « Portrait d’une ville par ceux qui la veillent. Les citadinités des gardiens de sécurité dans la grande métropole africaine (Nairobi, Kenya) », 2017.
  • São Paulo : Hervé Théry, « Portrait de São Paulo (1) : une capitale du Brésil ? », 2016, et Hervé Théry, « Portrait de São Paulo (2) : contrastes, problèmes, défis », 2016.
  • Shanghai : Carine Henriot, « Métropolisation chinoise et villes nouvelles : l’exemple de l’aménagement polycentrique de Shanghai », Géoconfluences, 2016.
  • Shanghai : Alisée Pornet, « La communauté des "shikumen" à Shanghai », Image à la une de Géoconfluences, 2016.
  • Tokyo : Raphaël Languillon-Aussel, « La Bulle spéculative des années 1985-1991 au Japon, à l'origine des formes urbaines actuelles ? », 2017.
  • Tokyo : Rémi Scoccimarro, « Naissance d’une skyline : la verticalisation du front de mer de Tokyo et ses implications sociodémographiques », 2017.
  • Tokyo : Raphaël Languillon-Aussel, « Tokyo, ville globale olympique : de l’échec du projet de 2016 au succès de la candidature de 2020 », 2017.
  • Wuhan (Chine) : Georgina André, « Wuhan, d'un centre industriel secondaire à une "Chicago de l'Est" », Géoconfluences, novembre 2020.
France
  • Dossier : Lyon, espaces et échelles d'une métropole européenne
  • Le Havre : Antonin Girardin, « De la désindustrialisation à la vitrine métropolitaine : un quartier du Havre à l'heure néolibérale », mars 2022.
  • Lyon : Lætitia Balaresque, Jean-Loup Baudoin, Roman Derlich et Salomé Scholl, « Le quartier asiatique de la Guillotière à Lyon : gentrification ou recomposition commerciale ? », 2022.
  • Lyon : Matthieu Adam, « Confluence, vitrine et arrière-boutique de la métropolisation lyonnaise », Géoconfluences, novembre 2020.
  • Lyon : Geoffrey Mollé, « Un changement de regard sur la verticalité urbaine, de nouvelles tours d’habitation dans le paysage de la métropole de Lyon », 2019.
  • Lyon : Amélie Deschamps, « Aménager la ville par le jardinage : la végétalisation participative de Lyon », 2019.

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Comment l'urbanisation Favorise

À l'échelle locale, l'étalement urbain combiné à l'émergence de nouveaux centres fonctionnels (dans la ville-centre comme dans les périphéries) contribuent à recomposer les espaces intra-métropolitains. Cela se traduit également par une accentuation des contrastes et des inégalités au sein des métropoles.

Quelles sont les causes principales de la métropolisation ?

Les facteurs de la métropolisation sont divers : économies d'échelle et d'agglomération, avantages comparatifs, besoins d'accessibilité aux réseaux (aux échelles nationales et mondiales), etc. Le phénomène de métropolisation ne se réduit pas à sa dimension démographique.

Quelles sont les causes et les conséquences de la métropolisation ?

- Les causes de la métropolisation sont à chercher dans l'exode rural et les mutations techniques qui favorisent les emplois tertiaires, particulièrement dans le tertiaire supérieur. Une nouvelle logistique d'entreprises favorise l'exurbanisation d'un grand nombre d'activités de production, de recherche et de services.

Quelle est la relation entre la mondialisation et l'urbanisation ?

La mondialisation a contribué à la transformation profonde des villes par la mise en commun des échanges et des modes de vie. Ainsi, l'urbanisation du monde s'établit selon un modèle commun, mais ce dernier engendre de plus en plus d'inégalités entre les populations.