Mise à jour du tableau n°57 pour les pathologies de l’épaule : réflexions d’experts médicaux
Les pathologies de l’épaule dans le tableau de maladie professionnelle n° 57 Depuis de nombreuses années, des médecins de l’Association nationale des médecins agréés ( ANMA) avaient constaté que plusieurs paragraphes du tableau n°57 étaient obsolètes, notamment celui consacré aux pathologies de l’épaule. Compte tenu de l’hétérogénéité des avis constatés, ils avaient publié en 2004, un guide pour l’harmonisation des pratiques pour les TMS du membre supérieur : « Troubles musculosquelettiques : la prise en charge en maladie imputable au service chez les fonctionnaires » Les pathologies de l’épaule dans le tableau de maladie professionnelle n° 57En 1990, Pr Uhthoff, chirurgien orthopédiste, expert près des tribunaux avait établi l’origine non professionnelle des calcifications de l’épaule ( type A, B et C1) et leur évolution vers la guérison spontanée par résorption. L’ancienne version du tableau n° 57 listait dans la première colonne « désignation de la maladie » : épaule douloureuse simpleLe caractère imprécis de cette formulation épaule douloureuse simple a entraîné la déclaration et la reconnaissance abusive en maladie professionnelle des épaules douloureuses d’origine microcristalline ( calcifications d’hydroxyapatite). Les calcifications ne sont pas d’origine professionnelle, c’est pourquoi elles sont donc désormais exclues de la nouvelle version du tableau n° 57. Mais le déclenchement d’un épisode douloureux peut être en lien avec des gestes professionnels, qui peuvent provoquer un conflit avec la calcification. Pr Henry Coudane, chirurgien orthopédiste, professeur de médecine légale précisait que seules 5% des calcifications s’accompagnent de lésions tendineuses de la coiffe des rotateurs : ce sont soit des calcifications de type C2 ( microcalcifications intratendineuses) soit des calcifications de type D ( enthésophytose correspondant à une ossification et non à une calcification de l’enthèse). Dans la nouvelle version du tableau il est question d’enthésopathie : l‘enthèse est la zone d’insertion osseuse des tendons ( elle désigne aussi l’insertion des ligaments et capsules articulaires). Rappel des différents types de calcifications de l’épauleLes tendinopathies calcifiantes de l’épaule sont dues à des dépôts d’hydroxyapatite au niveau des tendons de la coiffe des rotateurs. La plupart des calcifications ont tendance à se résorber. Classification morphologiques des calcifications de l’épaule :
Seule la tendinopathie est pathologie professionnelle . Le terme tendinite ne doit plus être utilisé, car ce terme laisse supposer qu’il s’agit d’une pathologie inflammatoire alors qu’il s’agit le plus souvent d’une tendinose microtraumatique et dégénérative. Les douleurs de l’épaule doivent être décrites par les lésions qui en sont la cause, par exemple :
Par conséquent, désormais, seules peuvent être reconnues au titre des maladies professionnelles les tendinopathies non calcifiantes de la coiffe des rotateurs et leur conséquence évolutive que représente la rupture partielle ou transfixiante de la coiffe des rotateurs objectivée par IRM. L’ancienne version du tableau n° 57 désignait également une autre maladie « Epaule enraidie succédant à une épaule douloureuse simple »Cet intitulé a également été source d’erreur d’imputabilité et de confusion. En effet, l‘imprécision sur la nature de l’enraidissement a favorisé la déclaration des capsulites rétractiles qui ne constituent pas à priori une pathologie professionnelle : l’épaule
douloureuse simple rebelle est en fait une tendinopathie chronique qui finit par aboutir à la rupture, cette dernière provoque l’apparition d’une omarthrose excentrée ( ascension de la tête humérale et pincement de l’espace acromio-huméral qui dès qu’il est présent sur une radiographie standard est le signe certain d’une rupture étendue de la coiffe des rotateurs, non réparable). La capsulite n’avait rien à voir avec l’épaule enraidie du tableau n°57 . Une capsulite est le plus souvent idiopathique ou bien elle rentre dans le cadre des algodystrophies réflexes secondaires à des causes médicales, traumatiques,etc. Il n’y a pas de filiation prouvée
connue entre la tendinopathie de la coiffe des rotateurs et la capsulite. Mais il est possible qu’un enraidissement de la capsule soit une complication de lésion douloureuse ou post-chirurgicale. Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces pathologiesLa rédaction actuelle du tableau est plus proche des conditions
scientifiquement reconnues comme étant réellement délétères pour l’épaule. Dans cette nouvelle version du tableau, il n’est question que
d’abduction comme mouvement décrit ( qui correspond au plan anatomique au seul geste d’écartement du bras vers le côté) : « Afin d’améliorer l’intelligibilité du libellé, une note de bas de page définit, en termes usuels et pédagogiques, la notion d’ « abduction » de l’épaule :
«les mouvements en abduction correspondent aux mouvements entraînant un décollement des bras par rapport au corps», que ce soit latéralement ou vers l’avant.
Et d’autre part, l’absence de prise en compte du facteur « force », dans cette nouvelle version du tableau, qui intervient bien comme un facteur d’aggravation du risque lié à l’écartement du bras semble anormal pour les rhumatologues experts en TMS. Rappel de la biomécanique de la ceinture scapulaireSelon Yves Roquelaure, expert en TMS en France L’abduction de l’épaule mobilise l’ensemble de la ceinture scapulaire. Selon de nombreux experts des troubles musculo squelettiques, cette nouvelle version du tableau n°57 correspond davantage aux pathologies de l’épaule en lien avec le travail, par contre ils soulignent que ce sont les 30 premiers degrés du mouvement d’abduction de l’épaule qui sont le plus délétères et présentent le plus de risques et non les mouvements d’abduction à partir de 60° comme l’exige cette nouvelle version du tableau n°57…Au poste de travail, ce sont les mouvements entre 0 et 30° d’abduction de l’épaule qui doivent être évités le plus possible, il ne faut donc pas faire de gestes au dessus du niveau de l’épaule.
Le Dr Damien Michel est médecin du travail, rhumatologue et médecin référent pour les TMS : Tableaux des maladies professionnelles associés :Tableau n°57 RG : Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail (75,6 KiB, 474 385 hits)Vous pouvez lire également les articles suivants :
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